Journal de Natacha Kierbel

Ces textes ne sont pas vraiment ceux d’un journal de bord puisque je les ai tous écrits après la fin du projet, mais ils retracent à travers les différents lieux, l’évolution de Shapers. J’ai tenté de donner un aperçu de ce qui m’avait le plus marqué et le plus touché tout au long de cette expérience. Je ne parle pas de tous les lieux où nous sommes allés, ça serait trop long; je ne parle quasiment pas des aspects négatifs non plus, bien qu’il y en ai eu sur différents sujets, car autrement je n’aurais pris aucun plaisir à écrire.
Ce qu’il y a dans ces textes, c’est ce dont je veux garder la trace, pour moi-même, pour ceux qui ont rendu ce projet possible et pour ceux que ça intéresserait.

Casablanca

Deuxième résidence, premier jour de répétition, première fois que je danse dans la rue…

Au sol, le béton, des morceaux de verre, des crottes de pigeon, quelques emballages. Je me demande comment je vais pouvoir aller au sol, comment je vais pouvoir danser tout simplement. Les voitures, le bruit, les gens, les immeubles, tout à coup je me sens comme une fourmi perdue dans l’univers. La danse; j’ai l’impression d’essayer de casser un mur à main nue. Pendant cette résidence, je découvre une nouvelle manière de travailler, une autre façon d’aborder la danse. C’est un style dans lequel je ne me sens pas encore à l’aise, c’est donc compliqué de trouver la place de faire des propositions et de retrouver son identité là dedans bien que ce soit excitant de découvrir une nouvelle matière.

Ce qui m’a marqué au Maroc, c’est d’abord l’intérêt que les gens dans la rue portaient à notre travail, la force de leur présence et leur bienveillance. Et puis ce sont les couleurs,

les fruits, le bordel dans les rues qui à l’air de te dire « mets toi à l’aise, fais comme chez toi, reviens quand tu veux ». Bien sûre j’ai très envie d’y retourner!


…la suite

Texte et image : Natacha Kierbel

Danseuse participant au projet SHAPERS