Réflexions sur la pédagogie

– Anne Le Batard

 

Le projet SHAPERS touche à sa fin, le moment sans doute pour revenir sur ses intentions et ambitions de départ.

SHAPERS est avant tout rassemblement d’un groupe de partenaires autour d’un projet commun. Des chorégraphes, des pédagogues, des administrateurs, des directeurs artistiques de festival, des danseurs-formateurs, Ce groupe a fait équipe pour écrire, mettre en œuvre et mener ce projet ambitieux. Les échanges informels ont été de mise. Une discussion permanente, constamment analytique, toujours enrichissante.

Shapers se définit comme un projet qui s’engage dans un processus de transmission de la danse dans l’espace public. Les partenaires sont tous issus du champ chorégraphique sauf Momkin – espaces des possibles avec Emilie Petit qui vient du champs des arts visuels. Tous convaincus qu’il y a un enjeu à investir l’espace public. Tous convaincus qu’un processus de transmission basé sur une expérience est le format adapté à chacun des contextes.

Pour Ex Nihilo, l’expérience in situ est fondamentale tout comme le choix et l’engagement dans ce type de travail.

Pourquoi une pièce de groupe ?

L’idée de créer une pièce de groupe plutôt que de travailler sur les matières individuelles des danseurs s’inscrit dans un autre fondamental de la compagnie à savoir le travail en groupe, d’équipe qui met en jeu des valeurs de respect, regard sur son partenaire, tension et remise en question permanente de son ego, décentrage vers le collectif ou le projet artistique, solidarité, empathie, émulation, stimulation. Valeurs humaines qui se retrouvent ensuite sur le « plateau » en donnant à voir un collectif fort d’une équipe de danseurs assumant pleinement sa place individuelle dans le groupe, dans l’espace public, en dialogue avec le contexte et le public.

Des valeurs que nous partageons depuis longtemps dans Ex Nihilo, que nous tentons de transmettre dans nos trainings, workshops, stages, et projets de création. Est-ce que ces valeurs qui nous animent sont venues du changement d’espace de travail, je ne peux pas le dire. Mais la confrontation avec des espaces non dédiés à la pratique artistique, à la pratique chorégraphique, a profondément changé, influencé les modalités de travail de la compagnie.

Prendre soin de l’outil des danseurs

Prendre soin du corps des danseurs pour assumer un quotidien (d’une certaine manière) hostile à la pratique physique.  Un espace très ouvert, sans limite, un sol dur, rugueux, un climat changeant. Pour cela, nous avons mis en place un training, une pratique physique, un échauffement qui travaille le corps pour lui permettre d’être prêt à affronter, de s’adapter. Il s’agit évidemment de renforts musculaires et d’étirements.  Mais tout aussi important il s’agit de mettre en jeu dès le début de la journée la notion de groupe, l’ouverture à l’espace, aux autres. Travailler son outil de manière technique tout à la fois dans son rapport à soi et son rapport aux autres. Non pas l’un après l’autre, mais l’un avec l’autre, pas de hiérarchie. Une tension permanente, une mise ne tension permanente. S’exercer à cet aller/retour chaque jour, comme une routine qui peu à peu renforcera le corps du danseur et son attention et sa concentration. Trouver ainsi une liberté, une ouverture à être à soi et au monde.

Se mettre en jeu dans un espace concret. Sortir du studio de répétition c’est avant tout la rencontre avec l’Autre. Une nécessité, un désir à se dire à l’extérieur. Un désir de regard sur son environnement ou sur les environnements.

La variété des espaces traversés amène travailler sur sa propre mobilité. Mobilité dans l’espace mais aussi mobilité de sa pratique, sa compréhension, sa vision du monde. Cela engage aussi la question de sa place, sa légitimité à être là, ici et maintenant, au milieu des autres.

Se déplacement s’est opéré tout d’abord par un choix, un engagement. Puis s’est modelé, affirmé construit par une expérience, un épuisement des corps au quotidien. Une construction de ce regard dedans/dehors. Une capacité à travailler dans le flux de la ville ou/et avec l’esprit d’un lieu dans la pleine conscience de son/ses partenaire(s).

C’est cette expérience des lieux et des autres que nous avons voulu transmettre à un groupe de jeunes danseurs de 4 nationalités différentes en construisant le projet SHAPERS.

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Text : Anne Le Batard

Co-directrice et chorégraphe de la company Ex Nihilo

Ex Nihilo [Marseille-France] est une compagnie de danse contemporaine dirigée par Anne Le Batard et Jean-Antoine Bigot autour d’un désir commun : faire de l’espace public un lieu privilégié de création et de diffusion en plaçant au centre de leurs préoccupations artistiques la rencontre avec un contexte singulier et ses usagers, habitants, public, ou passants. www.exnihilodanse.fr

Réflexions sur la pédagogie

Des workshops in situ dans chaque ville

Pour partager les fondamentaux du travail de la compagnie avec d’autres danseurs, nous avons mis en place des workshops in situ. A l’issue de ces workshops, nous avons choisi huit danseurs en voie de formation qui ont poursuivi le projet avec l’équipe de Ex Nihilo.

Les étapes de création ont donc eu lieu in situ dans 4 villes : Séville, Alexandrie, Marseille, Casablanca. Cette mobilité des lieux et des contextes, ce nomadisme du projet proposait aux jeunes danseurs une mise en jeu physique et psychique constante et intense. Nous leurs avons demandé une double attention et concentration. Une attention et une concentration au travail chorégraphique, à la rencontre avec d’autres danseurs, d’autres corporalités, aux villes, lieux, d’autres habitants, usagers. Ainsi, ce groupe de danseurs venants d’horizons divers s’est rapidement constitué mais a dû traversé toutes les étapes de la rencontre et de la tentative de compréhension mutuelle.

La mise en jeu dans ces différentes résidences a créé les contextes de l’observation, l’appréhension de la multiplicité des espaces publics, la confrontation à ce/ces espace(s).  La question de la place du corps, de la danse dans ces lieux publics. La place de corps masculins ainsi que ceux des corps féminins. La signification de ce groupe en travail chaque jour dans les rues et sur les places. Tout cela a également favorisé l’échange et la rencontre au sein même du groupe. Chaque binôme de danseurs a été l’accueillant au moins une fois au cours du projet.

La tournée

La tournée a d’abord contribué à mettre ce groupe de danseurs multinational en situation « d’étranger » favorisant, si ce n’est une perte, au moins un déplacement de leurs repères. Le voyage en Bosnie et Herzégovine a été une expérience très forte dans ce sens.

Ensuite, la tournée a été la dernière étape du projet où il a été question d’adapter la pièce chorégraphique à 15 espaces différents dans 8 pays.

Le choix des lieux

Pour les partenaires le choix des lieux a fait l’objet de nombreux échanges. Est-ce qu’il est pertinent de rechercher les lieux communs à chaque ville, chaque contexte ? Quel serait les enjeux pour chaque partenaire/festival d’investir tel ou tel lieux ? Qu’est-ce que le choix du lieu a représenté pour chacun des partenaires ? En termes de logistiques, de relation avec le contexte social et politique de chaque pays ?  Dans un dialogue entre la compagnie et chaque partenaire quels ont été les critères décisifs de choix des lieux ? Choix affirmés ou contraints ? Obstacles rencontrés ? Traversés ?

En quoi ces choix, ces échanges ont-ils été perçus par les danseurs ? Cette étape assez importante pour la transmission des enjeux a été difficile à mettre en partage avec les jeunes danseur(se)s. Les repérages des lieux et les échanges se faisaient hors des temps communs de résidences ce qui rendaient difficile l’implication de l’ensemble des partenaires et des danseurs.

A l’inverse, les danseurs ont pu appréhender tous ces espaces physiquement. Ils se sont confrontés aux nombreux ajustements nécessaires au travail chorégraphique dans l’espace public. L’écriture de la pièce s’étant faite rapidement son évolution au fil des différentes représentations a été d’autant plus remarquable.

Un autre élément fondamental du travail de la compagnie Ex Nihilo consiste en la remise en jeu systématique de ses pièces en fonction des lieux de représentations. La mobilité et l’adaptation ont été au centre de la construction de la pièce. Chaque nouvel espace permettait aux danseurs d’explorer de nouveaux éléments sous forme de soli spécifiques. Les matériaux explorés au cours des résidences ont été ré-exploités en fonction de la spécificité de chaque lieu. L’expérience acquise au fil des représentations devenait une couche supplémentaire qui venait nourrir les suivantes. Une sensibilité aux lieux s’est peu à peu développée. Chacun des danseurs a pu ainsi témoigner d’une expérience personnelle et intime différente en fonction des lieux et des pays. 


Text : Anne Le Batard

Co-directrice et chorégraphe de la companie Ex Nihilo

Ex Nihilo [Marseille-France] est une compagnie de danse contemporaine dirigée par Anne Le Batard et Jean-Antoine Bigot autour d’un désir commun : faire de l’espace public un lieu privilégié de création et de diffusion en plaçant au centre de leurs préoccupations artistiques la rencontre avec un contexte singulier et ses usagers, habitants, public, ou passants. www.exnihilodanse.fr

Journal 4 Natacha Kierbel

Marseille

Lorsque j’ai appris que je ne venais pas au Caire (puisque je ne pouvais pas faire la date bien que je pouvais venir ensuite faire le workshop) j’étais triste et en colère, je n’ai pas compris pourquoi certains partenaires sont venus de l’étranger mais que ce n’était pas possible de faire venir une des danseuse du projet. A ce moment là, on ne savait pas s’il y aurait d’autres dates après Le Caire.

Quand j’ai retrouvé toute l’équipe à Marseille après avoir passé six mois sans les voir, j’étais tellement contente de les revoir et de pouvoir redanser avec eux, dans mon pays qui plus est, que j’avais une énergie dingue. Pour moi la représentation cour Belsunce était la meilleure et celle où j’ai pris le plus de plaisir. De la première répétition pour la reprise jusqu’à la représentation, j’ai senti l’énergie monter en crescendo pour tout le monde, nourri par la mixité des gens qui passaient sur ce lieu, par le fait de tous se retrouver, d’avoir vu Corinne, Jean Antoine, Anne et Rolando danser au port de Saumaty et d’avoir le plaisir de retravailler avec chacun d’eux.

Je pense avoir eu une sorte de déclic après la performance d’Ex Nihilo à Saumaty, particulièrement dû au fait d’avoir vu Anne et Corinne danser, j’ai compris qu’on pouvait en tant que femmes, assumer et poser notre féminité en dansant en espace public, en dansant avec Shapers. Ce qui parait à priori logique, mais qui, je trouve, n’a pas été du tout évident à trouver, car dans le travail, je sentais une attention très portée sur une « énergie » et une « esthétique » masculine et dans la structure même de la pièce, on retrouvait très souvent une confrontation homme femme, un rapport de force. Le fait d’avoir conscientisé ça, m’a permis de revendiquer ma féminité dans ma danse et de donner beaucoup plus de sens à la pièce. Et très clairement, c’est une force bien plus intense, plus intéressante qui s’est dégagée à ce moment là.

Ce qui était très fort pendant cette période, c’était le groupe, et de voir que chacun avait énormément évolué et de me rendre compte que moi même j’avais beaucoup évolué. On a mis du temps à y accéder mais on est parvenu à un point où chacun avait beaucoup d’admiration pour l’autre et surtout de la fierté à faire partie de ce groupe. J’ai eu la sensation que c’était le début de quelque chose d’abouti.

Le projet s’est clos après la date à Budapest, belle performance avec un public étonnamment jeune et dynamique. Tout le travail effectué dans les différents lieux, les multiples rencontres avec les artistes, les partenaires et toutes les autres personnes qui gravitaient autour, m’ont faits beaucoup progresser dans mon développement personnel et mon ouverture d’esprit. Je pense pouvoir en dire de même pour presque tous mes collègues.

La relation qu’on a construite entre les shapers est une des choses les plus fortes que je garde de ce projet. Je me souviens du tout premier soir où j’ai débarqué avec Aurore à l’appartement à Marseille au milieu des quatre garçons, de rire et de me dire « mais qu’est-ce que c’est que ça! ». Constater qu’on avait des habitudes, des façons de communiquer, des manières de réfléchir, des danses complètements différentes et ce n’était vraiment pas évident de se comprendre pendant un moment. On avait un binôme très fort pour chaque pays.

J’avais vraiment l’envie et la curiosité d’apprendre et de comprendre mieux la culture de chacun. Et petit à petit on a appris à se connaitre, à s’entendre, on a vécu des tas d’aventures tous ensembles, on a chacun fait découvrir aux autre notre pays, notre culture. On a en quelque sorte développé notre langage: un mélange d’anglais, français, espagnol et arabe…! Finalement on est tous devenu très proche, on a créé notre petite famille et je pense qu’on est tous reconnaissant envers chacun et content du chemin qu’on a tracé ensemble.
Anne, Jean Antoine, Corinne et Rolando, vous aussi vous êtes comme une petite famille et vous dansez avec la même passion à travers tout ces lieux improbables et magnifiques. Quand j’ai vu des vidéos de vous au tout début du projet j’ai pensé: « ça doit être incroyable de connaitre cette complicité, cette force ensemble et la beauté brut de ce qu’ils construisent par leur danse » et j’ai pu toucher à ça grâce à ce projet, grâce à ce que j’ai appris de votre façon de travailler et surtout grâce au groupe de Shapers.

Je me souviens de la montée d’adrenaline et l’excitation que j’ai eu en lisant l’avis d’audition de Shapers rien qu’à l’idée de faire ce projet, et je dois dire que je n’ai pas été déçue au niveau des sensations fortes!
Pour finir, je voudrais juste dire que de s’investir en tant que français dans la vie culturelle dans d’autres pays non européens pourrait être très délicat et parfois mal interprété et je suis extrêmement admirative de la façon dont Ex Nihilo réussi ce challenge, de voir la force des amitiés et des échanges qu’ils ont construits notamment en Egypte mais dans pleins d’autres pays. Voir avec quel appétit ils se lancent dans leurs projets à travers le monde et toujours nourrir le désir de découvrir plus de lieux, rencontrer de nouveaux danseurs. Je suis contente d’avoir été permis ces nouveaux danseurs rencontrés, d’avoir fait partie de ce projet qui n’a pas été facile tout du long mais qui a été une expérience artistique et humaine incroyable.


Texte : Natacha Kierbel

Danseuse participant au projet SHAPERS

Journal 3 Natacha Kierbel

Photo : le ‘sniper building’ à Mostar ; ‘sloboda’ veut dire liberté.

La Bosnie

J’étais déjà venue en Bosnie quelques jours lors d’un voyage et je n’avais qu’une seule hâte, redécouvrir ce pays avec les shapers et rencontrer des artistes bosniens. Mostar, Sarajevo, Banja Luka; on croirait trois pays différents. A Mostar, la belle eau bleue, les vieux monuments et les montagnes, à Sarajevo, la beauté des monuments, l’aspect brut et gris et pourtant le charme de la ville et enfin la froideur et la sévérité des grandes avenues de Banja Luka. A travers tout le pays, on peut lire l’histoire et voire la guerre imprimée par les impacts de balles sur toutes les façades. Tout comme l’Egypte, la Bosnie est un pays très touchant qui nous a beaucoup chargé émotionnellement, de par son histoire et par les personnes rencontrées; notamment les bénévoles. Tous dans le début de leur vingtaine, c’était la génération née au lendemain de la guerre d’ex Yougoslavie. C’était beau de voir des gens de ma génération, nés dans un autre pays, se construire autour de l’art (théâtre, peinture, street art) dans un pays où justement l’art n’a pas vraiment la place d’exister. Et en même temps triste de remarquer que les tensions et les divisions sont toujours très présentes dans le pays.


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Texte et image : Natacha Kierbel

Danseuse participant au projet SHAPERS

Journal 2 Natacha Kierbel

alexandrie

Segad Damanhour et l’esplanade de la Grande Mosquée soufi, deux lieux aux atmosphères très différentes.
Segad Damanhour est un lieu plutôt calme, presque familial, avec la partie couverte, la cour entre les immeubles et les gens qui y travaillent. Malgré les tensions dans le travail, j’ai de très bons souvenirs d’improvisations dans ce lieu, notamment du duo avec Ayoub.
La danse ; sans trop m’en rendre compte, je me suis réconciliée avec le sol, je ne prête plus attention au fait d’être couverte de poussière, ou plutôt si mais c’est presque plaisant, c’est le lâcher prise.
Nassim El Raqs, une bulle perméable dans la ville. Partout où on allait, on retrouvait les gens du festival. On y a fait tellement de belles rencontres, les partenaires égyptiens, les jeunes danseurs au parcours totalement différent du mien, les volontaires, et partout une générosité, une joie de vivre et une envie de faire la fête dont je garde un souvenir très vif.

La question de la femme dans l’espace public se pose bien sûr. En tant que femmes européennes dans les rues d’Alexandrie, on nous regarde, parfois il y a des reflexions qu’on ne comprend pas; mais la seule chose qui m’a vraiment faite réagir c’est le regard de jugement que certaines femmes ont posé sur nous. Recevoir ce regard de la part d’autres femmes, m’a vraiment déstabilisé.

A partir de ce moment j’ai vraiment pris conscience de l’impact qu’une femme qui danse dans la rue pouvait avoir, de la facilité insolente que j’avais à exercer le métier que je voulais tandis que pour la plupart ici, danser est un combat. Et d’un autre côté, quelle légitimité je pouvais avoir à défendre mes valeurs dans un pays qui n’est même pas le mien et où la culture n’est pas la mienne. En voulant être « engagée », je ne vais ni sauver des gens, ni changer des vies et en aucun cas arriver et imposer ma vision de jeune européenne. En même temps les gens te racontent des histoires qu’ils ont vécues et tu te dis que tu ne peux pas rester assis à rien faire.

Mais alors au nom de quoi je viens danser ici?
Je pense que l’attitude à avoir est de rester humble, d’accepter qu’on ne connait rien, excepté ce qu’on nous a raconté et ce qu’on a expérimenté dans nos rencontres. De venir jouer sans se cacher derrière des prétentions de danseurs mal placées. De prendre conscience de l’énormité que c’est que de danser sur l’esplanade de la Grande Mosquée soufi. De se présenter à la performance transparent, chargé de ce que le pays t’as apporté et plein de gratitude envers les gens rencontrés.

Je pense pouvoir dire que ces deux semaines en Egypte m’ont faites grandir. Je pense également que le contraste entre la puissance de l’expérience humaine et les tensions dans le travail, nous a soudé en tant que groupe de shapers.


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Texte et image : Natacha Kierbel

Danseuse participant au projet SHAPERS

Journal 9 Lucía Bocanegra

CATALUÑA, TARRAGONA Jul-2018

Última vez que bailamos en España…

Siguen ocurriendo los mismos patrones de falta de comunicación y entendimiento al mismo tiempo, siguen ocurriendo las mismas situaciones en contextos distintos… sería acertado decir que esta es una de las particularidades del proyecto.

NEWBURY, ENGLAND

Penúltima parada.
El ambiente de este pueblo de Londres no se ha parecido a ningún otro. El público estaba perfectamente preparado a hora punta, cumpliendo los límites establecidos para el espectáculo.

Acostumbrados a un público más cercano, simple y diverso, este fue muy diferente. Frío y distante, limpio y ordenado, personas tan respetuosas y colocadas tan perfectamente y tan atentos condicionados por el contexto de ser audiencia de una performance de danza, que ni las percibía, no las sentía. Fue esa energía la que más me faltó.

BUDAPEST, HUNGRY

Último destino de un enorme viaje.

Dos años por digerir. Dos años de muchísimas experiencias, vivencias, conclusiones y patrones, tanto personales como artísticos, que me llevo conmigo para siempre. He crecido con este proyecto y estoy orgullosa de cada momento.

Momentos difíciles que me han ayudado a aprender y comprender, después convertidos satisfacción entendiendo lo importante que es apreciar el presente y apreciarlo con perspectiva. Qué pequeños somos y qué grande es el mundo, ¿no? Veo las cosas de otro modo, más interesantes y menos importantes, sobre todo veo las cosas que son reales. Relacionarme con personas tan diferentes en situaciones tan diferentes bajo una presión tan peculiar, han creado una bomba perfecta para darle un vuelco a mi cabeza, a mi cuerpo, a mi concepción de mente y cuerpo.

Acepto ampliamente este trascurso del tiempo y cómo ha fluido conmigo. Todo ha pasado por alguna razón, y lo mejor es que soy consciente de la mayoría de esas razones.

Así, confío en el ahora, en que los hechos irán por el camino que se dibujen.

Ha sido un proyecto puro, real y vivo.


Texte et images : Lucía Bocanegra

Danseuse participant au projet SHAPERS

Journal 8 Lucía Bocanegra

MARSELLA, Jun-2018

CANIBIÈRE, REFORMÉ

Una vez más en Marsella, puede que la última con Shapers. En este espacio en pleno centro de la ciudad de Ex Nihilo, presentamos por primera vez. Aunamos todas nuestras fuerzas y conseguimos unirnos como 1, los 8. Una vez más se me viene a la mente:

8 cuerpos con sus respectivas mentes, juntas por una misma razón, contando a los marselleses nuestra historia, contada de esta manera en ese preciso momento y lugar.

CITÉ DES ARTS DE LA RUE

Este lugar de trabajo, encuentro y descubrimiento de artistas que apoyan el arte en el espacio público, lo sentíamos cada vez más casa. Encontramos espacios llenos de posibilidades y que en los días libres investigamos.

Elvi y yo hemos encontrado aquí la inspiración, haciendo más adelante una residencia artística para crear la pieza pequeña “Ática”, basándonos en la conexión encontrada entre nosotras gracias a este proyecto.

 

 


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Texte et images : Lucía Bocanegra

Danseuse participant au projet SHAPERS

Journal 7 Lucía Bocanegra

CAIRO, Marzo-abril 2018

25-03-2018

“Segunda vez en Egipto. En una ciudad más caótica, más grande, más libre,,,aparentemente, más más…

Se respira polvo y humo de coches, de vez en cuando alguna muestra de perfume de un Egipcio a la entrada de una tienda gritando WELCOME TO EGYPT; algún exótico olor también, de algún puesto ambulante; a Shawarma; a comida pasada de fecha.”

INSTITUTE GOETHE, Cairo Downtown

-SPACE +INTIMITY Ahora el espacio es más reducido, íntimo y desigual, a diferencia de todos los demás.

Abril-2018

“Se escuchan continuos clacsons, algunos personalizados, rezos a las horas punta, gritos varios, ofertas para egyptians, ofertas para guiris, maullidos de gatos, demandas de café y té desde lo alto de una red de obreros construyendo como los antiguos pieza a pieza.

Distracciones por cada palmo de visión. Fotografías continuas, escenarios y escenas impresionantes, e impresiones primeras o más pacientes… me hacen estar pendiente a la siguiente.

Querría descubrirlo todo solo con observar, y muchas de las cosas se me quedan a medias.”

Texte et images : Lucía Bocanegra

Danseuse participant au projet SHAPERS

Journal 6 Lucía Bocanegra

ESPAÑA OCT-NOV 2017

SEVILLA, Mes de Danza 24 PABELLÓN DEL FUTURO

Mucho calor y el terreno duro. El espacio inmenso nos quitaba la energía. Con Emma, las chicas nos apiñamos y trabajamos consiguiendo el objetivo, reestructurando con ella todo el recorrido de la pieza. Esto se hizo más pesado y difícil sin el apoyo de los chicos. Agotados como nosotras a la sombra.

CENTRO PENITENCIARIO SEVILLA II

Este fue un público especial, un público que quién sabe cuándo fue la última vez o si es que alguna vez, han visto danza. El polideportivo fue el espacio en el que recreamos nuestra historia, nuestro guion, que como ya he comentado, cambia cada vez. Fue cuanto más impactante ver sus reacciones, gestos, expresiones y comentarios, en plena escena, sobre todo a las chicas. Sus caras iban cambiando a medida que iba avanzando la pieza. Nosotros nos mantuvimos nuestro espacio, y juntos conseguimos trasladar a ese público a nuestra historia. Yo sentí veían sus tristezas interiores reflejadas en nuestras relaciones y situaciones.

CÓRDOBA, Mes de Danza 24

CAC, Centro de Arte Contemporáneo. Tercera y última performance. El espacio era increíble, miles de posibilidades. Nos pusimos manos a la obra nada más llegar, y lo conseguimos. Alcanzamos el nivel que ya antes habíamos adquirido e incluso avanzamos. Jugamos con el espacio como más quisimos.


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Texte et images : Lucía Bocanegra

Danseuse participant au projet SHAPERS

Journal 5 Lucía Bocanegra

BOSNIA-HERZEGOBINA, SEPT-OCT 2017

Después de tanto tiempo sin vernos reescribí toda la pieza por partes y cada paso, alguna sensación, aunque desde Egipto las tenía grabadas.

MOSTAR

La lluvia nos dio un ambiente diferente. Éramos frágiles y juntos nos hicimos fuertes, encontramos una conexión necesaria en ese preciso lugar y momento.

SARAJEVO

Este proyecto y el trabajo de Ex Nihilo en general, tiene para mí como característica singular, que cada espectáculo es totalmente diferente. Cada espacio público tiene una historia y cada día un estado, al igual que nosotros constantemente cambiantes.

HABITEMOS EL ESPACIO PRESENTE

Aquí no hemos estado lo más cómodos que podíamos pero busquemos el aprendizaje, cojamos lo mejor, experimentemos sobre el contexto presente. Pienso que gracias a esta incomodidad nos enfrentamos y enriquecemos más que si todo fuera fácil. Aquí vale muchísimo más la experiencia que dinero. Aportemos cada uno nuestra esencia

o Conferencia JEAN MARC, Old Station, Sarajevo. CONCLUSIÓN

Cada uno de nosotros tiene la responsabilidad de crear el espacio y mantenerlo. Por otro lado, somos un colectivo que parece estar a punto de explotar internamente llegando al enfrentamiento pero nunca ocurre: somos juntos una SOLIDEZ QUE MANTIENE EL ESPACIO.

o MEETING Parteners, Dancers CONCLUSIÓN

Necesitamos claridad y humanidad. Nunca tenemos contacto directo y se nos olvida que somos personas con problemas. Es necesario ser claro siempre, saber en qué punto nos encontramos cada uno de nosotros, en su totalidad. Es a través de la comunicación como podemos conocer y darnos a conocer, es esencial para que el proyecto siga delante de manera fructífera y con una buena energía, grupal e individual.

Igualdad y autenticidad. Para algunas cosas somos profesionales y para otras bailarines en formación. No hay criterio claro, no hay comunicación. Se nos niegan derechos cuando conviene, dependiendo de los intereses de los que mandan.

Pedimos complicidad y confianza pero no nos damos la oportunidad.

BANJA LUKA

Tercera y última fecha en Bosnia. Sin público, cansados, en un espacio difícil e incómodos. Y por todo esto, encontramos nuevas sensaciones y conexiones. Nos vimos muy perdidos y tuvimos que encontrarnos, juntos, de nuevo.

“Paisajes perfectos en una viva naturaleza. Edificios agujereados de recientes balas. Post-guerra, felicidad tensa, desconfianza.”


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Texte et images : Lucía Bocanegra

Danseuse participant au projet SHAPERS