LES MAINS TENANT

Pastel de Benjamin Bloch, Retour d’Alexandrie, Juin 2017

Comment les corps dansent-ils ensemble dans un même lieu? Après s’inspirer de leur alentour, quels appuis s’échangent-ils? Comment s’entraident-ils par les gestes, les mouvements, les trajectoires, les regards, à quel moment leurs intentions se croisent, et construisent ensemble un nouveau mouvement?

 

Quelques recherches graphiques se sont basées sur ces points d’appuis, ces points d’attache. Ce point qui construit l’interaction entre deux corps, ces mains déposées sur l’autre, qui le tiennent, le soutiennent. Ces mains qui aident à diriger, ou seulement à basculer. Ces points d’accrochages entre deux corps, entre deux formes en mouvement.

Croquis de Benjamin Bloch, Marseille janvier 2017

L’épreuve de l’espace

“L’être humain a toujours à faire avec l’espace. Au sens ou il doit en permanence accepter l’épreuve spatiale qui trouve sa place dans l’existence de la séparation, c’est à dire de l’impossible confusion des réalités sociales en un même point.

Etre à l’épreuve de l’espace consiste ainsi, pour les individus comme pour les groupes, à trouver les moyens pour configurer la distance, qui disjoint les choses, les êtres, afin de rassembler celles-là, ceux-ci dans un agencement pertinent, un ordre de réalités coexistantes qui permet et autorise l’action, en même temps qu’il en procède.” Michel Lussault, Habiter, du lieu au monde, la poétique de l’habiter, issue d’un colloque en 2009 à Cerisy-la-salle.

Photographie par Elsa Menad, répétitions des Shapers à Segad Damenhour à Alexandrie.

“Agir sur les désordre du monde pour déceler d’autres agencements et créer un nouvel ordre poétique.” Johann Le Guillem

dessin de Benjamin Bloch, lors des répétitions Shapers sur l’esplanade de la mosquée Abbou El Abbes, en Avril 2017.

“Tant l’espace-ville que la danse sont variable et instables. Le dessin devient de l’écriture, qui devient de l’architecture qui devient de la danse.” Trisha Brown en 1973. Et si les lignes de mouvements dansés s’échangeaient avec les lignes de l’architecture, là ou l’habitable deviendrait aussi éphémère et temporaire que le geste d’un danseur.

 

Lieu de passage

“les êtres se développent et poussent le long des lignes de leurs relations. Cet enchevêtrement est la texture du monde. ” de Tim Ingold

C’est via le corps qu’un lieu prend forme, mais c’est aussi via le lieu qui entoure un corps que celui-ci se positionne. Quelles sont les poétiques des gestes et des mouvements de la danse contemporaine en espace public?

Le corps en tant que langage est alors plus ou moins accepté, censuré, compris vis à vis du lieu dans lequel il habite, vis à vis des personnes qui habitent ce même lieu, vis à vis du contexte dans lequel le corps se positionne. Qui dit langage, dit forme d’expression, d’échange, et de rencontre. Ce corps est sous la forme de sa gestuelle, le corps-geste.

Il s’agit de superposition de lignes par lequel le langage prend forme, on parle du corps-mouvement, c’est ainsi par ses trajectoires, ses regards, ses positions, son adresse, son engagement qu’un échange se créé, plus ou moins directement, un échange qui invite à regarder, ou à voir autrement le lieu dans

Il s’agit de superposition de lignes par lequel le langage prend forme, on parle du CORPS-MOUVEMENT, c’est ainsi par ses trajectoires, ses regards, ses positions, son adresse, son engagement qu’un échange se créé, plus ou moins directement, un échange qui invite à regarder, ou à voir autrement le lieu dans lequel ces corps se mettent en mouvement.

 

le corps-lieu , le faire-lieu .

La charette mobile

Inspirée de son expérience à Alexandrie, en mission de service civique dans le cadre du projet SHAPERS, où elle documentait par le dessin et l’image le processus de création des danseurs, Elsa Menad étudie dans son mémoire de fin d’année à l’école supérieure des Beaux-Arts de Bourges le fait de “voir un lieu à travers la danse” pour les danseurs, habitants ou passants.

Parallèlement, elle travaille à la mise en place d’un projet d’expérimentation de fin d’étude, la Charrette Mobile, qu’elle viendra tester dans la prochaine édition de Nassim el-Raqs, dans le prolongement de cette aventure partagée, avec son compagnon Benjamin Bloch.

 

 

Immersion à Nassim el Raqs

Avec Jean Antoine Bigot, Shahd el Khattabi, et les danseurs participants au workshop de transmission et d’audition de SHAPERS.

Réalisation Sarah Limorté, chargée de médiation de Momkin – espaces de possibles et coordinatrice du programme de formation des volontaires et bénévoles du festival Nassim el-Raqs.

Images : équipe de bénévoles du festival Nassim el-raqs.

Teaser de la 6ème édition de Nassim el-Raqs

 

Place des 7 lampadaires ou Garage Mashy

Images : équipe vidéo des bénévoles de Nassim el-raqs

Concept design / protocole de prise d’image : Nicolas Bôle, Djela Samba.

Montage : Nicolas Bôle

Filmer l’environnement, regarder la ville dans laquelle on s’inscrit 

La place des 7 lampadaires est un lieu phare de l’histoire du festival Nassim el Raqs.  La compagnie Ex Nihilo y a créé le spectacle Mashy en 2013, et depuis, nous appelons ce garage et ses alentours “Garage Mashy”

Ses habitants et travailleurs sont devenus nos amis et complices depuis cette période. Lavant les pneus pour nous préparer le travail, donnant leur conseils sur l’écriture de la chorégraphie, aménageant l’espace pour rendre le travail plus facile, le Garage Mashy est devenu l’un des plus agréables lieux de création ou de répétition de Nassim el raqs et Ex Nihilo.