Premier repérage à Alexandrie

Emilie Petit

Yasmine, Amr et moi allons nous balader dans Alexandrie pour commencer à envisager un espace de création pour SHAPERS. Une intuition me pousse à les amener sur l’esplanade de la Mosquée Abu-El Abbès el Morsi, riche en symbôle et en potentiel. Je les amène là, non vraiment pour le rendre possible, mais plutôt pour leur dire à quel point j’aimerai qu’il puisse être possible d’envisager de tels endroit pour inventer des situations d’expérience de création à Alexandrie. Yasmine me raconte qu’elle connaît le Sheikh Gaber, qui encadre la communauté soufie qui occupe ce lieu, et que nous pouvons entrer en contact avec lui. La rencontre m’attire en ce qu’elle porte d’ouverture. Le potentiel est là, bien au delà du lieu : la danse contemporaine, la création en espaces publics et le soufisme pourront-ils se rencontrer sur des valeurs communes ?

 

Premier repérage, Alexandrie, février 2017

 


Texte : Emilie Petit | Images : Emilie Petit et Ex Nihilo

Momkin – espaces de possibles [Marseille-France] a pour but d’initier et d’accompagner des projets artistiques et culturels dans les villes et territoires du pourtour méditerranéen, à travers la mise en place d’activité de création, production et de diffusion d’œuvres artistique, la conception de projets de coopération culturelle et interculturelle, ainsi que le développement d’activités de transmission et de sensibilisation. Le festival Nassim el Raqs porté par Momkin, propose tous les ans depuis 2011 des initiatives artistiques en interaction avec la ville d’Alexandrie. www.momkin.co

Workshop et audition à Marseille

Un workshop audition avec Anne Le Batard, Jean-Antoine Bigot, Corinne Pontana et Rolando Rocha de la compagnie de danse Ex Nihilo a eu lieu à la Cité des arts de la rue à Marseille du 17 au 18 janvier.

Cette étape du projet a été suivi par une résidence de création pour la piece chorégraphique SHAPERS avec les 8 danseurs participants, à la Cité des arts de la rue.

Suite à l’audition, deux danseuses françaises ont été sélectionnés pour le projet de formation et de création de la pièce chorégraphique SHAPERS :

Natacha Kierbel
Aurore Allo

 

 

 

 

 

 


Ex Nihilo [Marseille-France] est une compagnie de danse contemporaine dirigée par Anne Le Batard et Jean-Antoine Bigot autour d’un désir commun : faire de l’espace public un lieu privilégié de création et de diffusion en plaçant au centre de leurs préoccupations artistiques la rencontre avec un contexte singulier et ses usagers, habitants, public, ou passants. www.exnihilodanse.fr

Place des 7 lampadaires ou Garage Mashy

Images : équipe vidéo des bénévoles de Nassim el-raqs

Concept design / protocole de prise d’image : Nicolas Bôle, Djela Samba.

Montage : Nicolas Bôle

Filmer l’environnement, regarder la ville dans laquelle on s’inscrit 

La place des 7 lampadaires est un lieu phare de l’histoire du festival Nassim el Raqs.  La compagnie Ex Nihilo y a créé le spectacle Mashy en 2013, et depuis, nous appelons ce garage et ses alentours “Garage Mashy”

Ses habitants et travailleurs sont devenus nos amis et complices depuis cette période. Lavant les pneus pour nous préparer le travail, donnant leur conseils sur l’écriture de la chorégraphie, aménageant l’espace pour rendre le travail plus facile, le Garage Mashy est devenu l’un des plus agréables lieux de création ou de répétition de Nassim el raqs et Ex Nihilo.

 

 

 

Le choix du lieu à Casablanca

-par Meryem Jazouli, chorégraphe et directrice de l’Espace Darja

LA place des nations unies, casablanca

Tout d’abord il est utile de présenter sommairement cette place située au centre de Casablanca et qui, comme beaucoup de villes marocaines, se compose d’une ancienne médina et d’une ville nouvelle. Entre ces deux dernières, la Place des Nations Unies fait le lien, comme un pont entre le passé et le présent. Reconnaissable grâce à sa coupole surnommée « Kora Ardia », elle est le point de rencontre des grandes artères et est l’une des plus importantes places de Casablanca.

Cette place est donc le lieu de rdv, de passage, et de rassemblement de tous les casablancais sans exception (qu’ils soient à proximité ou en périphérie de la ville) .

Ce n’est pourtant pas seulement la situation emblématique de cette place qui a déterminé mon choix, mais aussi le vis à vis particulièrement symbolique entre la médina et la nouvelle ville. Cela a motivé mon envie qu’un geste chorégraphique soit posée entre elles , comme pour en prolonger le lien .

Danser avec l’architecture de la ville comme décor, m’a rapidement décidé à faire exister SHAPERS au Coeur de Casablanca, cela me semblait être aussi un beau défi que de permettre aux danseurs (même pour un temps assez court) d’appréhender une histoire et pour certains d’entre eux leur Histoire par un geste dansé.

Comment poser un geste, son geste, dans un espace comme celui-ci?

Comment lui donner suffisamment vie pour qu’il fasse écho à cette architecture, ce cadre et dans l’esprit du public?

Avec générosité, sobriété et beaucoup de disponibilité les danseurs apprenaient à porter, transmettre , questionner et même à faire réagir le public autour de cet objet chorégraphique qu’ils défendaient progressivement avec acharnement.

Il ne s’agissait pas de se mesurer à ce lieu mais plutôt d’essayer de faire corps avec, d’y plonger avec poésie, sensibilité et émotion. Les danseurs avaient l’humilité et l’ambition de lui conférer une autre dimension, celle que permet l’art quand il réunit toutes ces conditions là.

Le rapport de proximité qu’offre la place des nations unies (dans ce cas là entre la danse et un public), nous permettait de remplir un des objectifs majeurs du projet SHAPERS et qui n’est autre que celui de rendre accessible, commun (de par l’espace partagé) la danse, une danse, celle, portée par de jeunes interprètes.

Pour les danseurs de ce projet, la place des Nations Unies offrait également l’opportunité de rencontrer, de réaliser la diversité culturelle de cette ville (que pour la majorité ils découvraient). Ils apprenaient à observer, toucher et être touché par tous les espaces qu’ils ont occupés et ils apprenaient surtout à le faire avec curiosité, sensibilité et respect.

Tous ces ajustements , mouvements, leur permettaient de se poser des questions, des questions nécessaires quand on est un jeune artiste et qu’on aborde l’espace public par la pratique de la danse.

Comment échangeons-nous avec les autres mais aussi entre nous danseurs ?

Quelles traces pouvons-nous ou voulons-nous laisser dans les lieux que nous traversons?

Quelle différence cultivons-nous ou pas?

Et enfin comment un lieu symboliquement aussi fort participait à notre trajectoire, aussi bien personnelle que professionnelle?

Voilà, brièvement et peut-être de manière incomplète , les raisons qui m’ont poussé à choisir ce lieu, cette place, celle des Nations-Unies comme une“scène” possible pour les premiers pas de SHAPERS.


L’Espace Darja [Casablanca-Maroc], fondé par Meryem Jazouli, chorégraphe, est un lieu de résidence, d’expérimentation culturelle, inscrit dans le paysage artistique comme une plateforme d’échange, de rencontre et de présentation pour le développement de la danse contemporaine au Maroc. www.espacedarja.com