Hayyou’Raqs – Tunis

Hayyou’Raqs est une association qui entend contribuer au renforcement de l’offre de formation et de l’insertion professionnelle dans le secteur de la danse en Tunisie.
حيّوا الرقص هي جمعيّة تسعى إلى المساهمة في تعزيز عرض التدريبوالإدماج المهني في قطاع الرقص في تونس.
Hayyou’Raqs is an association that aims to reinforce the training possibilities and professional integration in Tunisia’s dance community.

Pour plus d’info : https://hayyourraqs.wordpress.com

Masterclass avec Thierry Thieû Niang

Depuis le début du projet en 2016, les jeunes danseurs participant au projet SHAPERS ont eu l’occasion de rencontrer divers chorégraphes pour découvrir de nouvelles esthétiques et approfondir leur vocabulaire chorégraphique. Ouvertes aussi à tous les danseurs volontaires, professionnels et ou en cours de professionnalisation, ces masterclass ont également été l’occasion de rencontrer d’autres danseurs de la région.

Dans ce contexte, le chorégraphe Thierry Thieû Niang a été invité à donner la masterclasse Partager avec les autres, au-delà du fossé des générations, à la Cité des arts de la rue. Les danseurs SHAPERS ont participé aux côtés de danseurs amateurs âgés et d’autres danseurs professionnels.

 


Thierry Thieû Niang, danseur et chorégraphe, associe à ses créations des artistes de différentes disciplines ainsi que des enfants, des adolescents, des amateurs âgés, des prisonniers et des personnes autistes.

Durant la saison 17/18, il a travaillé dans le théâtre, l’opéra, la danse et le cinéma avec les artistes suivants: Marie Desplechin, Ariane Ascaride, Anne Alvaro, Éponine Momenceau, Dominique Blanc, Valérie Bruni Tedeschi, Linda Lê, Claire-Ingrid Cottanceau, Madeleine Louarn, Sara Llorca, Daniel Jeanneteau, Jean Bellorini, Philippe Lefait, Olivier Mellano, Jimmy Boury, Éric Caravaca, Sébastien Ly, Nicolas Daussy, François Gedigier et François Waledisch.

 

Journal 6 Lucía Bocanegra

ESPAÑA OCT-NOV 2017

SEVILLA, Mes de Danza 24 PABELLÓN DEL FUTURO

Mucho calor y el terreno duro. El espacio inmenso nos quitaba la energía. Con Emma, las chicas nos apiñamos y trabajamos consiguiendo el objetivo, reestructurando con ella todo el recorrido de la pieza. Esto se hizo más pesado y difícil sin el apoyo de los chicos. Agotados como nosotras a la sombra.

CENTRO PENITENCIARIO SEVILLA II

Este fue un público especial, un público que quién sabe cuándo fue la última vez o si es que alguna vez, han visto danza. El polideportivo fue el espacio en el que recreamos nuestra historia, nuestro guion, que como ya he comentado, cambia cada vez. Fue cuanto más impactante ver sus reacciones, gestos, expresiones y comentarios, en plena escena, sobre todo a las chicas. Sus caras iban cambiando a medida que iba avanzando la pieza. Nosotros nos mantuvimos nuestro espacio, y juntos conseguimos trasladar a ese público a nuestra historia. Yo sentí veían sus tristezas interiores reflejadas en nuestras relaciones y situaciones.

CÓRDOBA, Mes de Danza 24

CAC, Centro de Arte Contemporáneo. Tercera y última performance. El espacio era increíble, miles de posibilidades. Nos pusimos manos a la obra nada más llegar, y lo conseguimos. Alcanzamos el nivel que ya antes habíamos adquirido e incluso avanzamos. Jugamos con el espacio como más quisimos.


…la suite

Texte et images : Lucía Bocanegra

Danseuse participant au projet SHAPERS

Performance à Cordoue

SHAPERS a été présenté à Séville et à Cordoue le 5 novembre 2017, dans le cadre de la 24ème Édition du Festival MES DE DANZA  au C3A : Centre de création contemporaine d’Andalousie, en partenariat avec la Casa Arabe (Cordoue).

Mes de Danza est un festival internationale de danse contemporaine à Séville. Partenaire du projet et directrice artistique du festival, Maria Gonzales à choisi de situer cette performance dans trois lieux très différents – au Pavillon du futur dans le site de l’exposition universelle de Séville, dans le centre pénitentiaire de Séville, et à Cordoue, devant le C3A : Centre de création contemporaine d’Andalousie. 

“Les lieux de représentation radicalement différents les uns des autres ont permis à ce travail d’explorer des matières et des contours différents, ainsi que de se confronter à des publics divers. Le choix de l’espace à Séville, ancien site de l’Exposition Universelle de Séville en 1992, lieux abandonné, a repris vie grâce à SHAPERS. La représentation également à Séville dans le centre pénitentiaire Sevilla est allée à la rencontre d’un public particulier.

Quant au troisième espace à Cordoue, radicalement à l’opposé du site de l’Expo’92, le choix s’est porté sur un espace récemment inauguré dans cette ville, le Centre Andalous de Création Contemporaine. Le choix d’espaces si divergents a mis en valeur la richesse de ce projet artistique proposant aux danseurs des défis de natures différentes dans chacun des espaces.”

-Maria Gonzales, directrice artistique du festival Mez de Danza.


Mes de Danza [Séville-Espagne] Depuis sa première édition en 1994, l’objectif principal du festival Mes de Danza est d’explorer l’art chorégraphique dans ses tendances les plus diverses et les rapprocher d’un public (initié ou non). Au-delà de la programmation de spectacles, il est également un outil structurant pour la danse contemporaine en Andalousie et en Espagne. www.mesdedanza.es 

Performances à Séville

SHAPERS a été présenté à Séville et à Cordoue dans le cadre de la 24ème Édition du Festival MES DE DANZA  au :

– Palacio del energia de l’Exposition Universelle de 1992, conçu par l’architect Oriol Bohigas, à Séville, le 28 octobre

– Centre pénitencier, Séville, le 2 novembre

– C3A: Contemporary creation Center, en partenariat avec la Casa Arabe, à Cordoue le 5 novembre

La chorégraphe et les danseurs ont adapté la pièce au lieu du Palacio del energia en travaillant deux jours sur le site.

Les lieux de représentation radicalement différents les uns des autres ont permis à ce travail d’explorer des matières et des contours différents, ainsi que de se confronter à des publics divers. Le choix de l’espace à Séville, ancien site de l’Exposition Universelle de Séville en 1992, lieux abandonné, a repris vie grâce à SHAPERS. La représentation également à Séville dans le centre pénitentiaire de Seville est allée à la rencontre d’un public particulier.

Quant au troisième espace à Cordoue, radicalement à l’opposé du site de l’Expo’92, le choix s’est porté sur un espace récemment inauguré dans cette ville, le Centre Andalous de Création Contemporaine. Le choix d’espaces si divergents a mis en valeur la richesse de ce projet artistique proposant aux danseurs des défis de natures différentes dans chacun des espaces.” 

– Maria Gonzales, directrice artistique du festival Mez de Danza.


Mes de Danza [Séville-Espagne] Depuis sa première édition en 1994, l’objectif principal du festival Mes de Danza est d’explorer l’art chorégraphique dans ses tendances les plus diverses et les rapprocher d’un public (initié ou non). Au-delà de la programmation de spectacles, il est également un outil structurant pour la danse contemporaine en Andalousie et en Espagne. www.mesdedanza.es 

Mostaràunpied

Suite à une blessure me voilà bloqué dans cette ville de Mostar où nous venons de jouer.

Je découvre ce lieu improbable et magnifique, à moitié en déconstruction, reconstruction, abandon, comme beaucoup de choses là-bas.

Avec mon état présent, valide qu’à une patte, j’ai le besoin d’y investir mon corps, d’avoir une mémoire de ce vent s’engouffrant dans un lourd passé, qui tente de se réinventer un présent.


Texte et vidéo : Aurore Allo

Danseuse participant au projet SHAPERS

Journal 5 Lucía Bocanegra

BOSNIA-HERZEGOBINA, SEPT-OCT 2017

Después de tanto tiempo sin vernos reescribí toda la pieza por partes y cada paso, alguna sensación, aunque desde Egipto las tenía grabadas.

MOSTAR

La lluvia nos dio un ambiente diferente. Éramos frágiles y juntos nos hicimos fuertes, encontramos una conexión necesaria en ese preciso lugar y momento.

SARAJEVO

Este proyecto y el trabajo de Ex Nihilo en general, tiene para mí como característica singular, que cada espectáculo es totalmente diferente. Cada espacio público tiene una historia y cada día un estado, al igual que nosotros constantemente cambiantes.

HABITEMOS EL ESPACIO PRESENTE

Aquí no hemos estado lo más cómodos que podíamos pero busquemos el aprendizaje, cojamos lo mejor, experimentemos sobre el contexto presente. Pienso que gracias a esta incomodidad nos enfrentamos y enriquecemos más que si todo fuera fácil. Aquí vale muchísimo más la experiencia que dinero. Aportemos cada uno nuestra esencia

o Conferencia JEAN MARC, Old Station, Sarajevo. CONCLUSIÓN

Cada uno de nosotros tiene la responsabilidad de crear el espacio y mantenerlo. Por otro lado, somos un colectivo que parece estar a punto de explotar internamente llegando al enfrentamiento pero nunca ocurre: somos juntos una SOLIDEZ QUE MANTIENE EL ESPACIO.

o MEETING Parteners, Dancers CONCLUSIÓN

Necesitamos claridad y humanidad. Nunca tenemos contacto directo y se nos olvida que somos personas con problemas. Es necesario ser claro siempre, saber en qué punto nos encontramos cada uno de nosotros, en su totalidad. Es a través de la comunicación como podemos conocer y darnos a conocer, es esencial para que el proyecto siga delante de manera fructífera y con una buena energía, grupal e individual.

Igualdad y autenticidad. Para algunas cosas somos profesionales y para otras bailarines en formación. No hay criterio claro, no hay comunicación. Se nos niegan derechos cuando conviene, dependiendo de los intereses de los que mandan.

Pedimos complicidad y confianza pero no nos damos la oportunidad.

BANJA LUKA

Tercera y última fecha en Bosnia. Sin público, cansados, en un espacio difícil e incómodos. Y por todo esto, encontramos nuevas sensaciones y conexiones. Nos vimos muy perdidos y tuvimos que encontrarnos, juntos, de nuevo.

“Paisajes perfectos en una viva naturaleza. Edificios agujereados de recientes balas. Post-guerra, felicidad tensa, desconfianza.”


…la suite

Texte et images : Lucía Bocanegra

Danseuse participant au projet SHAPERS

Réunion de l’IETM à Marrakech

Septembre 2017

Organisée en collaboration avec On Marche et Racines, cette réunion satellite de l’IETM a rassemblé à Marrakech une trentaine d’acteurs et professionnels de la danse du Maroc, du Sénégal, du Burkina Faso, du Nigeria, de Belgique, des Etats Unis, d’Italie et de France, pour esquisser « Nafass » une future académie pour les métiers de la danse, basée au Maroc, et pour s’interroger sur les futurs développements de l’éducation dans le secteur des arts vivants dans la région.

PDF du compte rendu de la réunion de l’IETM à Marrakech

 

Conférence au Festival Zvrk

Un compte rendu détaillé de la conférence du Festival de Zvrk, par Smirna Kulenović :

La conférence L’art chorégraphique et sa transmission dans l’espace public a eu lieu le 28 septembre dans le bâtiment de la gare principale de Sarajevo, dans le cadre du Festival ZVRK de danse et de performance contemporaine. Son objectif était de rassembler des professionnels locaux et internationaux des domaines de la chorégraphie contemporaine, de la danse et des arts du spectacle, mais aussi des travailleurs culturels qui abordent la question des biens communs dans leur travail dans l’espace public.

Les intervenants : critique et journaliste Jean-Marc Adolphe (France), chorégraphe et directeur artistique du festival ZVRK – Jasmina Prolić (Bosnie-Herzégovine), chorégraphe et directrice artistique d’Ex Nihilo – Anne Le Batard ( France), Meryem Jazouli de l’Espace Darja (Maroc), María González du festival Mes de Danza (Espagne), directrice artistique de Nassim el Raqs – Emilie Petit (Egypte), Fanni Nannay du Festival PLACCC (Hongrie), chorégraphe Žak Valenta du Festival international de danse (Croatie), directrice artistique du Festival des arts de la rue de Mostar – Marina Đapić (Bosnie-Herzégovine), chorégraphe Foofwa d’imobilité (Suisse) et des danseurs du projet SHAPERS.

Conférence dans une gare, Zvrk Festival, Septembre 2017

Le fait de placer cette conférence dans l’espace ouvert de la gare principale pourrait être considéré comme une performance artistique en soi, créée spécifiquement dans le contexte d’une situation paradoxale se déroulant dans un espace vivant mais abandonné. Vif, en termes de passagers qui circulent dans ses halls pour atteindre les plates-formes de train – mais abandonné en termes de manque d’initiatives qui utiliseraient son intérieur ouvert comme un bien commun. Cette atmosphère abandonnée au sein de la gare principale a été momentanément transformée le 28 septembre en créant de nouveaux mouvements et sons dans une discussion artistique qui abordait les possibilités de transformer, étendre, contourner, déplacer et élargir la liberté artistique dans l’espace public.

Un discours d’introduction à la conférence a été donné par le critique et journaliste français Jean-Marc Adolphe, expliquant l’importance de SHAPERS – un projet international visant à amener la danse contemporaine à des endroits inhabituels. Pendant ces périodes où l’Europe peut être considérée comme une forteresse essayant de protéger ses murs contre des envahisseurs, il devient extrêmement important d’élargir ses frontières et de travailler sur des méthodes plus inclusives de création de projets culturels. Pour ce faire, une approche en profondeur devrait être acceptée avec un engagement à long terme sur l’éducation et les échanges entre les artistes et les citoyens locaux et internationaux. Avec cela vient l’idée d’habiter les espaces publics au lieu de simplement les traverser, sur un plan réel et métaphorique – une idée qui est développée par le projet SHAPERS à travers la danse contemporaine. La pratique chorégraphique contemporaine devient ici non seulement une forme d’art, mais aussi une forme d’activisme, un combat pour la liberté qui n’est pas seulement un choix artistique mais une nécessité réelle. À Sarajevo, en Bosnie-Herzégovine, cette nécessité devient encore plus évidente avec des milliers de réfugiés qui ont dû fuir pendant la guerre dans les années 1990. Mais ce fut l’époque où l’Europe accueillait toujours les réfugiés de guerre et leur donnait la possibilité de vivre et de travailler à l’intérieur de ses frontières, loin de la situation actuelle.

Crédit photo : Zoran Lesic
Performance lors du festival ZVRK à Mostar en Bosnie-Herzégovine

La danse contemporaine comme une habitation responsable de l’espace public

Comment vraiment habiter l’espace public à travers la pratique artistique ? Comment les mouvements chorégraphiés d’artistes qui placent leur corps dans de nouveaux contextes peuvent-ils toujours prendre en compte les histoires uniques de la vie qui se passe à côté d’eux? Comment peuvent-ils s’engager au lieu de simplement se produire, comment peuvent-ils coopérer entre eux et avec les citoyens? Le chorégraphe Žak Valenta du Festival international de danse (Croatie) a conclu que

Les spectacles in situ devraient être créés par des artistes bien préparés, capables d’observer tout en tant que langue, en accordant une attention particulière à la compréhension du contexte, de l’histoire et des antécédents du lieu choisi. L’art, s’il est compris de cette manière, peut influencer non seulement les individus, mais aussi les liens politiques d’une ville ou d’une région entière, en ouvrant des espaces de liberté, d’échange et d’expression.

De nouvelles questions sur la responsabilité du chorégraphe ont été soulevées afin de mettre l’accent sur la création d’œuvres qui permettent aux artistes de danser ensemble et de développer la solidarité tout en dansant avec les autres. Cette approche a pu être observée dans les choix artistiques pris dans le projet SHAPERS – Danse contemporaine dans des lieux insolites et servir d’exemple positif d’interaction et de direction des mouvements entre les personnes de la communauté locale, ainsi que les artistes. D’un autre côté, ce genre de pratique artistique responsable peut également être observé dans le travail de Foofwa d’imobilité qui s’engage directement auprès des citoyens en leur permettant de participer à la performance Dance Walk, qui fonctionne comme un marathon de danse communautaire dans diverses villes, y compris Sarajevo, Mostar et Banja Luka en Bosnie-Herzégovine.

Maintenant! La nécessité de l’art politiquement et socialement engagé

De l’autre côté, la pratique artistique responsable dans l’espace public implique également une observation constante de la situation sociopolitique dans son contexte de création. Il est extrêmement important d’être capable d’agir et de réagir avec l’art, et d’avoir le courage de pousser les pratiques artistiques plus loin dans le domaine de l’engagement politique ou de l’activisme lorsque cela est nécessaire. La directrice artistique Fanni Nannay utilise son exemple du Festival PLACCC (Hongrie), qui a dû cesser d’être «juste coloré et ludique» lors de ses débuts en 2008. Depuis, le gouvernement hongrois a basculé d’une politique qui soutenait pleinement leurs activités pour devenir de droite, strict et dictatorial. Suite à ce changement, le festival a également rendu son programme plus radical et engagé politiquement. Le PLACCC continuait de promouvoir l’art propre au site dans l’espace public, mais il restait ouvert au changement et adaptait ses activités quand il devenait nécessaire de réagir au gouvernement autocratique avec ses lois et règlements stricts.

Un des principaux objectifs du festival réside maintenant dans des examens critiques sur la façon dont les espaces publics et les décisions publiques sont interconnectés et la communication de ce sujet à un large public. L’espace public doit rester ouvert, doit inclure les citoyens dans des espaces physiques et intellectuels de liberté et de coopération mutuelle.

Parler du contexte de la Bosnie-Herzégovine est également très important en ce moment puisque la situation politique, l’histoire et les questions sociales du pays demeurent si complexe et presque constamment mal compris et faussement communiqué par les médias internationaux. Pour exemple, le directeur artistique du festival ZVRK, Jasmina Prolić, nous rappelle que pendant la guerre en Bosnie, presque tous les médias français ont déclaré qu’il y avait une «guerre civile» dans le pays, alors que la réalité était complètement différente.

Ici, les artistes doivent faire les choses par eux-mêmes, de réagir et de créer leur propre espace, puisque le gouvernement n’apporte aucun soutien à ses citoyens, poursuit Marina Đapić, directrice artistique du Street Arts Festival de Mostar.

Depuis six ans, elle continue de rassembler artistes internationaux et locaux dans une ville détruite par la guerre qui est maintenant complètement transformée à travers les activités du festival. Son inspiration vient de l’architecture de Mostar, pleine de bâtiments laissés vides, détruits et hantés. Ces mêmes espaces sont maintenant réoccupés et réutilisés, recréés à travers le street art et les spectacles de rue qui apportent une nouvelle vie et un nouvel espoir à la ville et à ses habitants. Les jeunes surmontent la peur de «l’autre» en travaillant ensemble sur des projets artistiques visant à réoccuper des espaces comme l’ancienne base militaire Konak ou le centre culturel d’avant-garde OKC Abrašević. Ce sont des preuves de la manière dont l’art peut effectivement provoquer un changement politique pour s’unir, malgré les divisions nationalistes si présentes au sein des structures politiques de Mostar.

«L’espace public est le seul choix que nous ayons», Jasmina Kazazić, assistante culturelle et culturelle de ZVRK Festival, rappelle la scène de la danse contemporaine inexistante en Bosnie-Herzégovine.

Ici, les artistes de la danse contemporaine n’ont jamais eu l’occasion de “sortir des auditoriums et des théâtres”, comme c’était le cas avec la compagnie de danse Ex Nihilo en 1994. Ici, en 1994, des bâtiments brûlaient, des maisons étaient bombardées et des civils étaient tués dans l’espace public, tués en essayant de faire leurs activités quotidiennes. Peut-être que la crainte d’utiliser l’espace public, si présent en Bosnie-Herzégovine, devient plus compréhensible lorsque nous gardons cela à l’esprit. Ici, les danseurs contemporains doivent encore se battre pour prouver que ce qu’ils font est même considéré comme de l’art, ils doivent sortir dans la rue pour montrer leur passion et leur pratique parce que la rue est le seul endroit qu’ils ont, le seul endroit dans lequel ils peuvent se sentir acceptés. D’un côté, dans certains pays européens, la création artistique dans l’espace public peut être «poétique», mais d’un autre côté, cela peut être considéré comme un acte extrêmement radical, politique et révolutionnaire.

Le Maroc est un autre exemple de ce type de travail. Meryem Jazouli de l’Espace Darja (Maroc) rappelle que

travailler avec la danse contemporaine au Maroc, c’est vraiment lutter contre la loi qui interdit aux groupes de se rassembler dans les rues. Les travailleurs culturels ici doivent nécessairement être des activistes, ils doivent d’abord occuper l’espace pour pouvoir habiter artistiquement, car c’est aussi le seul choix qu’ils ont.

l’Architecture en tant que chorégraphe silencieuse

Un emplacement puissant qui a accueilli le spectacles de SHAPERS a également été Alexandrie, Egypte. Le chorégraphe et directeur artistique d’Ex Nihilo – Anne Le Batard (France) nous a rappelé leur choix d’utiliser un square serré et occupé comme toile de fond contextuelle dans laquelle les chorégraphes et les danseurs ont développé leur pratique artistique. Cette place étroite en tant qu’élément architectural ne consistait pas seulement à utiliser l’espace pour des mouvements innovants, ajoute le directeur artistique de Nassim el Raqs – Emilie Petit (Egypte), il s’agissait aussi de penser à impliquer les passants dans la performance. Les questions posées étaient de les impliquer dans la performance, et si oui, quelle serait la manière la plus naturelle et la plus naturelle d’aborder leurs mouvements dans un espace aussi occupé, sans perturber leur vie quotidienne, tout en essayant d’ajouter de nouvelles dimensions et possibilités.

Première de la pièce, pendant Nassim el raqs #7, sur l’esplanade de la mosquée Abu el Abbas el Mursi, Alexandrie. Organisé par Momkin-espaces de possibles et Centre Rézodanse – Egypte

C’est, bien sûr, un des questions les plus importantes qui devraient guider la création de toute performance spatiale.

Les passants constituent la partie la plus complexe de tout le contexte puisque ce sont les spectateurs qui n’ont pas choisi de participer à une représentation ou de la regarder, et Il faut donc les traiter avec respect et compréhension, tout en gardant constamment à l’esprit les différentes possibilités d’origines différentes.

Le chorégraphe Foofwa d’imobilité (Suisse) ajoute que pendant ses Dance Walks il tente toujours de créer une atmosphère de confiance, afin que les citoyens impliqués puissent pleinement être eux-mêmes parmi les autres, sans ressentir la pression de créer des mouvements de danse d’une qualité acrobatique ou artistique exceptionnelle. La qualité artistique réside dans la capacité du chorégraphe à créer une telle atmosphère parmi toutes les personnes impliquées dans l’atelier.

Le Dance Walk est une construction hybride entre danse et marche qui met l’accent sur l’utilisation du corps pour créer de nouveaux liens avec le public l’espace autour de nous, permettant de nouvelles formes d’habiter poétiquement. Il fonctionne comme un marathon qui change constamment de lieu, puisque les danseurs se déplacent à travers la ville, changeant leurs rythmes, leurs vitesses et leurs formes tout en utilisant l’expérience comme une pratique spirituelle plutôt qu’une performance faite pour un public. Ici, les lieux choisis deviennent également des chorégraphes silencieux de la danse, car ils façonnent la dynamique et les corps des danseurs impliqués.

Choisir les bons endroits dans la ville de production doit également être l’une des priorités tout en composant la chorégraphie de l’œuvre. Par conséquent, non seulement les emplacements centraux devraient être considérés comme des plateformes d’opération, et une recherche approfondie de tous les quartiers devrait être faite, qui est une recherche qui ne consiste pas seulement à marcher dans la ville, mais aussi il faut engager de manière créative les locaux pour s’informer sur les réels nécessités qui pourront être traités artistiquement dans certains espaces.

Quel art en espace public aujourd’hui ?

En fin de compte, il n’y a pas de réponse facile à ce que l’espace public est aujourd’hui et ce que l’art dans l’espace public devrait être – autre que c’est à nous de rester constamment sensibles à la vie qui se passe autour de nous, que nous soyons en train de créer une œuvre d’art ou que nous vivions simplement dans l’espace en faisant nos activités quotidiennes. Cette sensibilité est essentielle à la fois pour les artistes et pour tous les citoyens qui doivent constamment se souvenir de leur rôle dans l’élaboration des formes matérielles et intellectuelles de l’espace public. L’occupation de l’espace public devient parfois la seule forme d’expression de notre propre liberté d’existence, que l’on retrouve effectivement dans la façon dont nous sommes autorisés à utiliser cet espace comme une extension de notre propre être, dépassant le sanctuaire privé de nos foyers.

À une époque où l’Europe et le monde entier adoptent des approches politiques de droite visant à exclure toutes les différences et à devenir des forteresses étroites, c’est aux artistes de trouver des moyens créatifs d’élargir non seulement leur propre liberté de mouvement et de pensée, mais aussi la liberté de tous en faisons des oeuvres responsables et engagés socialement.

Quel genre de temps s’agit-il, quand parler des arbres est presque un crime Parce qu’il implique le silence sur tant d’horreurs ?

(Bertolt Brecht, Pour ceux nés plus tard, 1940.)

Smirna Kulenović


Zvrk [Sarajevo, Bosnie-Herzégovine], une association de promotion de l’éducation et de nouvelles initiatives de danse en Bosnie-Herzégovine, lancée en 2009 pour la première édition du Festival Zvrk. Le but de cette initiative est d’atteindre un objectif commun parmi les acteurs culturels et les artistes en Bosnie-Herzégovine, de développer la danse au niveau local, à travers l’enseignement, les initiatives de sensibilisation et les performances. https://zvrkart.com/

Smirna Kulenović [Galerie d’art contemporain Brodac & le mouvement pour l’art dans les espaces publics Dobre Kote] est une jeune artiste, militante, conservatrice et historienne de l’art ayant une formation professionnelle en histoire de l’art et en philosophie. Smirna travaille en tant que commissaire d’une galerie d’art contemporain autonome “Brodac” à Sarajevo, et est une fondatrice / directrice de création du Mouvement pour l’Art dans les espaces publics “Dobre Kote”.

Rencontre des partenaires à Sarajevo

Un workshop et échange de pratiques 

Dans le cadre du Festival Zvrk 2017, la performance SHAPERS a été présenté à Banja Luka, à Mostar et à Sarajevo. La conférence L’art chorégraphique et sa transmission dans l’espace public et un workshop en forme d’échange de pratiques ont été organisés à Sarajevo.

Avec les participants :

  • Natasa Hajdarević, Ivana Thalia et Svea Thalia, de Tanzelarija, une structure pour la promotion de la danse en Bosnie-Herzégovine.
  • Aleš Kurt / Directeur du Fuu – Festival Ulične Umjetnosti (Street Art International Festival de Sarajevo)
  • Snježana Abramović Milinković, Directrice artistique du festival de danse et du théâtre non verbal Svetvinčenat
  • žak valenta, chorégraphe de Zagreb
  • Foofwa d’immobilité, danseur et chorégraphe
  • Fanni Nánay, Directrice du Festival en espace public PLACCC, Hongrie
  • Jean-Marc Adolphe, journaliste et critique, Fondateur de la revue Mouvement 

Et les partenaires SHAPERS :